Oups you're okay ?

Samuel avait récupéré Sara chez son ex femme le vendredi soir. Il l'avait pour toute la semaine et comme à chaque fois il avait prévu tout un tas d’activités. La dernière chose qu'il voulait c'était qu'elle finisse pourrie gâté mais il ne voulait pas non plus qu'elle préfère passer du temps chez sa mère. Il avait l'impression d'être en compétition perpétuelle contre elle. Il savait pourtant que c'était ridicule. En rentrant à la maison il lui avait fait son plat préféré. Il savait qu'il le faisait pour gagner des points mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Le soir ils avaient regardé un disney ensemble. Depuis le temps, il devait tous les connaitre par cœur mais ça plaisait à Sara et c'était tout ce qui comptait pour lui. Avant de la mettre au lit, il lui avait lu une histoire. Il décrocherait la lune pour elle et tout ce qu'elle avait à faire pour le combler c'était lui sourire et lui faire un câlin. Le samedi matin, il lui avait préparé le petit déjeuné et l'avait laissé regarder quelques dessins-animés avant qu'ils n'aillent tous les deux en courses. Ils avaient mangé dans un restaurant que Sara avait choisi. En rentrant il l'avait forcé à faire la sieste. Il trouvait qu'elle était encore trop jeune pour s'en passer et ce même si elle rentrerait à l'école primaire à la rentrée. Il fit un petit peu de ménage en attendant qu'elle se réveille. Il lui proposa de faire un peu de dessin avec les nouveaux crayons qu'il lui avait acheté. Bien vite, arriva l'heure du goûter et là encore elle eut droit à du fait maison. Après goûter il lui proposa de faire du vélo. Il lui avait enlevé ses petites roues et essayait de lui apprendre à en faire comme les grands. Il la poussait, l'aidait à rester en équilibre. Elle faisait de réels progrès jusqu'au drame. Elle tomba et s’érafla tout le genoux. Peut être qu'il aurait dû proposer une autre activité s'il voulait rester le papa de l'année.

Est ce que ça va chérie ?

Il avait mal pour elle.

C'est rien ma puce. Ça va aller. Fais moi voir.

Après avoir passé la semaine chez sa mère, Sara attendait impatiemment sur le canapé que son père montre le bout de son nez. Comme chaque semaine, elle allait passer le week-end avec lui et ça la rendait toute excitée. Elle avait assez mal vécu le divorce de ses parents. Elle n’a pas compris certaines choses, elle ne sait toujours pas pourquoi ils ont décidé de divorcer mais elle en a juste conclu qu’ils ne s’aimaient plus. La plupart du temps, quand ils sont tous les trois, elle essaye de les rabibocher par tous les moyens mais ça n’a jamais vraiment fonctionné. Quand elle a entendu taper à la porte, elle a sauté du canapé, quittant ses dessins-animés pour venir ouvrir la porte à celui qu’elle savait être son père. « Papa ! » s’est-elle écriée en venant se blottir contre lui, se laissant prendre dans ses bras pour lui faire un grand câlin. C’était son père et il lui avait énormément manqué durant cette semaine. Elle a dit au revoir à sa mère, un grand bisou sur la joue et un câlin plus tard, ils étaient sur la route et rentraient chez le papa. Leur soirée se résume en quatre mots : dîner, Disney, histoire, dodo.

Le lendemain matin, Sara s’est levée de bonne heure comme très souvent le samedi, souhaitant passer le plus de temps possible avec son père… Elle a déjeuné, a regardé quelques épisodes de son dessin-animé préféré puis s’est préparée avec son papa pour aller faire les courses. Il ont ensuite mangé dans un restaurant que Samuel avait laissé choisir à sa fille. Ils sont rentrés vers trois heures, Sara est allée faire une sieste dans son lit. Elle aime dire qu’elle n’est plus un bébé mais s’il y a une chose qu’elle ne veut pas arrêter, c’est bien la sieste. Elle sait que quand elle sera en CP, elle devra s’en passer mais elle espère que ses parents lui laisseront quand même la faire le week-end. Le dodo, c’est sacré ! Une fois réveillée, elle descendit les escaliers de la demeure avec son doudou à la main puis alla dessiner durant quelques minutes avant le goûter. Puis à seize heures passé, elle sortit devant la maison pour faire du vélo. Habituellement, elle en faisait avec deux petites roues à l’arrière pour que le vélo garde l’équilibre mais Samuel et sa fille avaient décidé qu’il serait peut-être temps qu’elle apprenne à rouler sans… Alors, ils se mirent à essayer. Elle montait sur la selle, se laissait pousser par son père tout en pédalant gentiment… Puis vint le fameux drame. Après quelques essais, son vélo chuta. Résultats, elle eut droit à une jolie éraflure sur une bonne partie de son genou et bon sang, qu’est-ce que ça faisait mal…

Elle s’était déjà mise à pleurer, essayant de dégrafer son petit casque de protection rose. Elle avait fait une belle chute et même si l’on aurait pu penser qu’elle n’avait rien, cette éraflure lui faisait franchement très mal.

« P…Papa, j’ai mal ! »

Elle frottait ses yeux rempli de larmes, laissant son père examiner son genou maintenant tout rouge. Après quelques secondes, elle ne lui laissa pas le choix et vint directement se blottir contre lui, agrippant ses épaules pour venir dans ses bras sans se relever. Elle ne voulait plus faire de vélo, plus jamais.

Samuel était toujours content de voir sa petite princesse. Il n'y avait pas à dire, elle était son rayon de soleil. Elle illuminait sa vie depuis six ans. Elle était la seule chose positive qui ressortait de son mariage. Il regrettait d'avoir rencontré la mère de Sara pour bien des raisons mais il ne changerait pour rien au monde sa petite chérie. Elle semblait avoir hérité du meilleur des deux, s'il y avait un meilleur chez son ex femme. Il exagérait et il le savait mais il était toujours amer. Il essayait de ne pas trop le montrer à Sara. Il ne voulait pas qu'elle pense que ses parents se détestaient mais bien souvent c'était raté. Elle avait le don de le mettre hors de lui mais la présence de Sara l'aidait à rester calme.

Le samedi matin c'était course et quand il avait Sara, il terminait toujours avec des produits inutiles, rien de très extravagant parce qu'il ne voulait pas qu'elle finisse ingrate comme sa mère, mais deux, trois petites bricoles pour lui faire plaisir. Ensuite resto et dodo pour Sara. Elle n'était pas difficile à coucher. Quand elle se réveilla, il lui prépara tranquillement son goûté puis vint l'heure de l'activité sportive. Il espérait pouvoir lui apprendre à faire du vélo "comme les grands". Elle était encore jeune. C'était un peu tôt mais elle se débrouillait bien sans ses petites roulettes et lui même avait appris autour de six ans. Il resta à côté d'elle à la tenir le plus possible avant de la laisser pédaler et pendant un moment ça fonctionnait et tout sourire il pensa que son bébé savait faire du vélo toute seule. Il fût rappelé bien vite à la réalité. Sara chuta et se mit à pleurer. Il lui demanda si ça allait. Elle se contenta de lui répondre qu'elle avait mal en pleurant.

Je suis désolé princesse.

Il y jeta un coup d’œil. Il fallait la désinfecter et mettre un petit pansement mais ce n'était pas une catastrophe. Plus de peur que de mal.

On retourne à la maison pour mettre un petit pansement et on retente ?

Il la porta jusqu'à chez eux tout en traînant son vélo.

Je suis fière de toi chérie. C'était drôlement bien. T'as presque réussie à faire du vélo toute seule comme une grande.

Presque était ici le mot clé mais elle s'était bien débrouillé. Il avait bon espoir pour la suite.

Comme tous les enfants de son âge, Sara veut toujours être plus grande qu’elle ne l’est. Alors quand son père lui a proposé d’aller apprendre à faire du vélo, elle n’allait forcément pas refuser. C’est donc toute joyeuse qu’ils sont sortis tous les deux et qu’elle est montée sur son vélo dans l’espoir de devenir une grande fille et de pouvoir crâner à la rentrée à l’école en disant à tout le monde qu’elle savait faire du vélo toute seule, sans petites roues à l’arrière. Mais malheureusement, comme tout ne se passe jamais comme il le faut, elle s’est blessée.

Il fallait s’y attendre, elle a fait sa première chute. Elle pédalait toute seule comme une grande, elle souriait toute fière d’elle. Elle se sentait d’un coup plus grande, plus intelligente et plus mature puis elle a accéléré sans même s’en rendre compte. Elle a paniqué, a lâché le guidon puis elle s’est retrouvée à terre… C’était qu’une erreur, sa première. Si elle en refaisait plus tard, peut-être que ça se passerait mieux mais à ce moment précis, elle n’y pensait pas. Elle ne voulait plus faire du vélo, plus jamais. La seule chose qu’elle voulait, c’était les bras de son père autour d’elle pour qu’ils rentrent à la maison et qu’il prenne soin d’elle, qu’il la fasse sourire et qu’il efface ces vilaines larmes qu’elle avait sur les joues.

Elle pleurait comme une madeleine dans ses bras. Son égratignure ne paraissait pas si grave que Sara le laissait croire mais elle était encore très sensible, très fragile et un moindre bobo pouvait la faire pleurer pendant une dizaine de minutes… « Je… Je veux plus faire de vélo... » Dans ses bras, sa tête calée dans son cou, elle lui disait ne plus vouloir faire de vélo. Elle se doutait que si elle retentait, elle chuterait à nouveau et se ferait encore mal. Elle frottait ses yeux tout en l’écoutant la complimenter, il était gentil et même si elle n’était pas d’humeur à sourire, elle ne pouvait s’en empêcher en entendant tous ces jolis mots qui sortaient de la bouche de son paternel.

Ses petits bras autour de lui, elle frottait sa tête contre son cou. Sara a toujours été très aimante, très câlin alors à la moindre occasion, elle câlinait les gens qu’elle aimait et son père était sûrement celui qui avait le record de câlins, elle en était très proche. « J’arriverais jamais à faire du vélo… c’est trop dur. »

Samuel se sentait un peu con voir vraiment vraiment con. Proposer à sa fille de six ans de faire du vélo toute seule. Il aurait dû savoir que ça se terminerait comme ça mais dans sa tête sa petite princesse était capable de tout les miracles. Il avait commencé à faire du vélo jeune, autour de six ans mais peut être que c'était six ans bien passé. Sara était jeune, haute comme trois pommes. Elle était toujours volontaire et il s'était dit pourquoi pas. Elle avait réussie pendant un moment avant de chuter de manière prévisible. Maintenant elle pleurait et il avait mal pour elle. A en juger par la petite égratignure il y avait plus de peur que de mal mais Sara avait déjà décidé qu'elle ne voulait plus faire de vélo. Il l'a pris dans ses bras et l'embrassa sur le front.

C'est presque rien Chérie, ça va aller.

Il la porta jusqu'à la maison. Il allait désinfecté et mettre un petit pansement avec la tête d'un personnage de disney pour que ça passe mieux. Dans ses bras elle lui dit qu'elle n'arriverait jamais à faire du vélo, que c'était beaucoup trop dur. Il s'en voulait d'avoir démoli la confiance en elle qu'elle avait, il y a encore dix minutes.

Les grands savent faire du vélo. Et toi tu y étais presque. Si on réessayait plus doucement, tu pourrais peut être même y arriver aujourd'hui. Tu y étais vraiment presque Chérie.

Il lui sourit et sortit le désinfectant. Elle risquait de ne pas apprécier et se montrer moins câline dans la seconde. Cette journée aurait vraiment pu mieux tourner.

Je vais te mettre le produit qui pique pendant deux secondes et après tu pourras choisir ton pansement et une sucrerie du placard, Okay ?Tu sais ce que tu vas prendre ?

Il ne savait pas trop ce qui restait peut être quelques sucettes, carambar. Il y avait peut être aussi quelques chocolats. Rien de très bon pour ses dents mais il veillerait à ce qu'elle se lave bien les dents plus tard. Il devait bien l'amadouer de toute façon s'il voulait qu'elle retente ou au moins qu'elle ait moins peur pour la prochaine fois.

Attention ça va piquer mais tu es une grande fille je suis sûr que ça va rien te faire du tout. Qu'est ce qu'on fait après on retente de monter sur ton beau vélo ?