hannah & Corey ▽ Just bet you might win.

David Bowie - Cat People ▽ La séance d'aujourd'hui avait été plutôt éprouvante, et Corey était restée comme éteinte, vidée, sur un des fauteuils de la salle d'attente du docteur Morgan. Elle s'était braquée et avait perdu son calme coutumier pour glisser dans une phase agitée, incapable d'expliquer clairement les émotions qui l'habitaient au praticien et se retrouvant frustrée et déçue. Et à présent, la nuque encore pleine d'une sueur à présent froide, elle sentait qu'elle aurait pu s'endormir là et somnoler pendant des centaines d'années sans parvenir à se reposer. Impossible de prendre son vélo et de rentrer ainsi, alors que ses mains, aux doigts si longs et osseux qu'ils ressemblaient à de blanches araignées agitées, tremblaient autant. Appeler sa mère pour qu'elle vienne la chercher ?Elle n'était sûrement pas chez elle et dans tous les cas, la présence de Meredith aurait été comme essayer d'éteindre un feu en y jetant de l'essence. Corey prit une longue inspiration, avant de se vider les poumons jusqu'à ce qu'ils lui firent mal. Une fois, puis deux. Puis une troisième fois, jusqu’à ce quelle se sente complètement vide. Enfonçant ses écouteurs dans ses oreilles, l’adolescente parvint à se couper de sa propre angoisse en se plongeant dans un état second, suivant uniquement le rythme répétitif d'une musique électrique presque agressive, oubliant jusqu'à sa propre présence pour fermer les yeux sur un noir infini.

Il lui sembla dormir assise, plusieurs minute, calant les battements de son cœur sur une basse lente et ordonnée, presque hypnotique. La respiration lente, l’adolescente s'était endormie sur son bout de siège, bras croisés sur le ventre, corps en arrière. Elle avait un air presque paisible sur son visage livide, les yeux trop charbonnées, les lèvres entrouvertes sur une respiration minimaliste. Peu lui importait car personne n'attendait Corey chez elle. Ici, dans cet endroit contrôlé qu'elle commençait à connaitre, elle se sentait étrangement en sécurité. L'odeur des siège la rassurait, leur texture lui semblait si agréable qu'elle en oublia l'heure pour sombrer dans un sommeil réparateur, bien que peu confortable, dont elle avait tant besoin car ces derniers temps, elle n'était que des idées noires hantant quelques nuits blanches et journées grises, le bleu à l'âme de trop penser à sa relation avec Annabel qui avait pris fins ans qu'elle ne parvienne encore à comprendre pourquoi. Était-ce cela comme disait le docteur Morgan, qu'on appelait un chagrin d'amour ? C'était définitivement trop bizarre pour elle.

Ses grands yeux bleus maladroitement charbonnés de noir s'ouvrirent sur la silhouette d’une adolescente de son âge, assise en face d'elle. Corey s'était sentie glisser sur son fauteuil, se remettant droite et essayant l'humidité de sa bouche qui avait commencé à poindre tandis qu'elle dormait. Il n'y avait plus de musique dans ses oreilles, et seul le silence régnait dans la pièce ; sa playlist était terminée depuis bien longtemps, découvrit-elle en regardant son portable. Corey regarda la pointe de ses basket un long moment, mal réveillée. Ses jambes étaient en coton et elle avait mal au ventre, la bouche pâteuse, un mal de tête commençant à poindre dans son crâne. La jeune fille se massa le front avec un air défait, les yeux grand ouverts. Elle devait renter, à présent. Mais son grand corps ne bougeait pas, se balançant d'avant en arrière en une très légère oscillation caractéristique des comportements autistiques. Elle couina étrangement, comme le ferait un enfant en bas âge, avant de dérouler lentement sa longue silhouette pour se relever ; l'autre fille tomba dans son champ de vision et elle se retrouva malgré elle fascinée par son épaisse chevelure, ses yeux bleus humides et la forme de son visage. Ce n'était pas une question de beauté, mais de forme. Une question de géométrie. Perturbé de ne la remarquer que maintenant, elle ne sut quoi faire, glissant les mains dans la poche ventrale de son sweat à capuche.

Pour tout dire, Corey avait tout de l’adolescente à problèmes. Les trous dans son jeans n'étaient pas un effet de style, mais des trous d'usure, mais les lacets de ses converses étaient absolument parfaitement faits. Ses cheveux nattés à la va-vite formaient un vrai désordre capillaire et son regard à la fois fixe et froid montrait à l'autre adolescente une étrange peur.essayant de la regarder un moment à la dérobée, Corey se tourna pour se cacher, bien qu'elle fut debout devant la jeune fille. C'était stupide. Elle était si jolie. Elle avait l'air si triste ; même quelqu'un comme Corey pouvait le voir. Sur une impulsion un peu bête, la grande adolescente s'approcha de l'autre fille et s'accroupit devant elle sans ôter les mains de sa poche, dans une position qui n'avait rien de naturelle car elle refusait de la regarder, fixant les genoux de l'autre fille. Que pourrait-elle bien lui dire ? Elle ferma les yeux, pour ne pas la regarder. Une nausée la prit, et elle déglutit de manière sonore. Que faire, maintenant qu'elle était en face d'elle.Son sac de cours lui semblait si lourd sur son dos à présent, comme un vrai fardeau. Ou peut-être était-ce la position qui lui faisait mal.

"...C-comment... t-tu t’a-appelles ?", demanda Corey qui ne suivait aucune convention sociale, ".... t-tes yeux. Ils sont... beaux. Comme s'ils étaient faits pour... p-pleurer."

Elle se tut finalement, sachant bien qu'elle faisait sûrement une bêtise, baissant la tête pour se claquemurer dans son habitude mutisme sans pourtant se relever. Elle soupira, envahissant l'espace personnel de quelqu'un sans y penser, mais détestant quand quelqu'un lui faisait ça. Elle semblait très agitée malgré une attitude neutre. Calme et agitée à la fois.

"... j'ai.. mal aux cuisses c-comme ça..."

Where is my mind ? ▽ Corey baissa d’instinct les yeux sitôt que l'autre fille la regarda, préférant se perde dans le bleu propre de ce pantalon qui devait être tout neuf. Il sentait encore le vêtement propre, cette odeur douceâtre qu'elle-même ne croisait pas souvent. Elle demeura ainsi, perdue dans ses songes, ses réflexions qui n’appartenaient qu'à elle et n'entendit qu'à moitié la réponse de l'autre adolescente. Était-ce Alice, ou Hannah ? C'était drôle, d'avoir deux prénoms, mais après tout elle-même s’appelait-elle Corey et Ruth, alors cela ne lui apparut pas si étrange que ça. On avait le droit d'oublier qui on est, surtout quand on va voir un psychiatre ; elle n'avait pas oublié l'endroit où elles se trouvaient. La fille lui posa une question, mais Corey ne sut pas lui répondre immédiatement même si la réponse était simple. Pourquoi lui demandait-elle son prénom ? Haussant vaguement les épaules, elle lui dit, simplement :

"Corey. Spiegelman."

Elle parla, encore un peu, trouvant cette fille intriguant, avec ses grands yeux claires et son visage poupin. Elle avait le regard d'un adulte sur un visage de bébé, d'après Corey. C'était bizarre. Hannah lui sourit, et elle le perçut dans son champ de vision sans vraiment oser la regarder, souriant à son tour par pur mimétisme. Le sourire de Corey avait quelque chose d'étrange ; c'était une fille qui ne savait pas sourire mais y mettait de la bonne volonté. Elle ne répondit pas quand la fille la remercia. La voyant tapoter sur sa chaise en lui proposant de s’asseoir, Corey hocha de la tête avec docilité, comme si elle exécutait un ordre.

"D'accord", répondit-elle en s'asseyant à côté d'elle, sans plus de cérémonie.

Le silence de la salle d'attente fut uniquement troublé par la musique en sourdine qui sortait des écouteurs de Corey, pendant contre son torse. Assise voûtée en avant, elle se balançait sensiblement d'avant en arrière, le regard un peu creux fixé sur un point devant elle, un point imaginaire qui n'existait que dans son esprit. Lorsque Hannah lui parla de sa natte, l’adolescente ne répondit rien, prenant un air timide en regardant ses converses, piquant cependant un fard. C'était... un compliment ? Elle peinait souvent à se coiffer, car elle détestait se toucher et que natter ses cheveux demandait une dextérité qu'en tant qu’autiste, elle n'avait pas vraiment. mais elle essayait, pour le confort. Elle la remercia d'un hochement tacite de la tête, sans rien ajouter. C'était gentil.

"Il n'y a que toi qui le sache", lui répondit-elle soudain, quand Hannah dit ne pas savoir si elle avait bien fait.

Corey l’étudia en évitant de la regarder dans ses yeux, d'un regard toujours aussi absent mais qui notait les détails et comparait les idées. Elle lui dit, finalement, sur un ton très franc :

"Tes cheveux encadrent bien ton visage, parce qu'il est rond et que du coup, niveau composition, comme ils sont ondulés, ça s'inscrit dans un triangle et ça renforce l'aspect... je ne sais pas... doux.", elle battit soudain des mains, sans crier gare,
sans raison, comme pour exorciser une sensation qu'elle aurait eut au bout des mains, illusoire encore une fois, "... quelque chose comme ça."

Corey se tut de longues minutes, refusant clairement de communiquer.  Elle savait qu'elle aurait du rentrer mais personne ne l'attendait à la maison. Parler avec quelqu'un de son âge, c'était un peu surréaliste pour elle, mais pas forcément désagréable ; elle avait dit au docteur Morgan qu'elle tenterait d'aller vers les autres, pour voir. Autant essayer.

"Hannah...", elle marqua une pause, réfléchissant, avant de demander, "c'est Hannah avec deux H, deux A, deux N ?", elle se mit à parler plus vite, comme à chaque fois qu'elle devenait intéressée par un sujet qui touchait à ses passions, "... c-c'est hébreu, ça veut dire la Grâce. C'est... un prénom très spécial... t-tu le sais ? C'est un palindrome de lettres. On peut lire ton prénom... à l'endroit comme à l'envers. Tu es toujours... Hannah. P-peu importe le sens dans lequel on te lit."

Corey sourit sans trop savoir pourquoi, sentant ses mains devenir moites. ne sachant trop quoi ajotuer et n'ayant pas vraiment le sens de la portée de ses dires, elle regarda sa playlist défiler sur son portable avant d'avoir une idée, prenant un de ses écouteurs et le montrant à Hannah, sans le lui tendre.

"T.... t... t-tu aimes la musique ?", elle frotta l'écouteur dans sa grande main, comme s'il était sa seule ancre à ce moment, ".... veux en... écouter ?"

Where is my mind ? ▽ Corey hocha de la tête en entendant son prénom, comme une sorte de réflexe conditionné mais son visage n'exprima rien. Ce n'était qu’un prénom, après tout. Sa mère ne l'utilisait jamais, préférait l’appeler - pour une raison qu'elle ignorait - Rey. C'était un peu masculin, mais ça n'avait jamais dérangé l'adolescente, dans le fond. Elle ne sut quoi dire à son interlocutrice quand elle parla du fait que c'état juste différent. Elle croyait ; n'en était-elle pas sûre ? Hannah avait l'air aussi moins aussi perturbée qu'elle par certaines choses et cela rassurait Corey, sans qu'elle ne puisse réellement dire pourquoi.

"Différent ne veut pas dire mauvais. Ça veut juste dire que ce n'est plus comme avant."

Le regard de l'adolescente se perdit un peu dans le vide, tandis qu'elle lui disait ça. Certaines choses, la plupart en fait, changent et il devient impossible de revenir en arrière. Elle n'aimait pas ce concept, qui l'effrayait plus que tout mais elle savait aussi que la vie, c'était accepter ces choses terribles qu'étaient les changements. Sans quitter le vide des yeux, regardant droit devant elle avec une mine absente, elle répondit à Hannah, concernant le dessin :

"Non", elle regarda le vide une longue minute, avant de souffler, "toi, oui ?"

Elle aimait simplement les formes et les symboles. Ces choses qui n'étaient pas sues de tous le monde. Des choses qui n'intéressaient personne. La jeune fille ouvrit les mains et les montra à l'autre adolescente : de grandes mains maigres, qui tremblaient tout le temps, aux paumes pleines de cicatrices. Elle avait la maladresse des autistes, avec une pince supérieure imprécise et une tendance à tout laisser tomber.

"J'ai des problèmes pour tenir les choses", elle tritura le fil de ses écouteurs, "alors je ne peux pas dessiner."

Finalement elle la regarde, comme attendant de savoir ce qu'elle dessinait sans vraiment lui avoir posé la question. C'était difficile pour Corey d'entretenir une discussion réellement construite, mais elle essayait. Hannah confirma l'orthographe de son prénom : Corey eut un bref sourire : le hasard fait bien les choses. Une nouvelle question surgit, et l'adolescent dut prendre deux bonnes minutes pour réfléchir à une réponse.

"Oui", elle soupira, "le lycée ne donne pas de cours d'hébreu, alors je fais comme je peux", elle expliqua, laconiquement, "internet."

Elle ne savait pas si c'était utile qu'elle parle de ses études extrascolaires. Corey avait un don pour les langues, non pas né d'un talent, mais d'un de ses intérêts restreint en tans qu'Asperger : elle travaillait dur et parlait ainsi plus de cinq langues. Elle se demandait quelles langues parlait Hannah, mais ne lui posa pas la question. Elle n'était pas assez curieuse des autres pour ça. Quand les deux jeunes filles parlèrent plus avant du prénom d'Hannah, Corey vit cette dernière s'assombrir et une larme poindre entre ses cils.

"Tu peux pleurer si tu veux", lui dit calmement Corey, "ça ne me dérange pas et je ne vais pas te juger. Je pleure aussi."

Tut le monde pleurait, alors pour elle cela n'avait rien de stigmatisant. Au fond d'elle, Hannah la touchait mais elle ne savait pas trop ce que cela voulait dire, serrant les dents, lèvres fermés formant une unique ligne dubitative. Elle savait pourtant qu'une salle d'attente et une inconnue n'était pas le meilleur auditoire pour parler de ses soucis, et qu'elle avait déjà un psy pour ça. Tenant son second écouteurs entre les doigts, elle se contenta de lui répondre :

"Marina and the Diamonds. Tu connais ? Sinon j'ai aussi Lana Del Rey ou Grimes..."

Globalement, Corey avait compris que la plupart des jeunes de son âge aimaient la musique et que cela leur servait d'exutoire. Mais ils n'aimaient pas tous les mêmes genre de musiques. Homewrecker passait dans ses écouteurs, un peu dans le vide. Parler n'était simple pour personne et elle n'était pas du genre à pousser les autres à la confidence ; si Hannah était là, c'était, tout comme elle parce que ça n'allait pas. Pas besoin d'aller plus loin. Corey ferma les yeux, et se dédia simplement à la musique qu'elle partageait avec cette fille qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, mais dont elle se sentait étrangement proche.

Where is my mind ? ▽ Corey ne sut pas vraiment ce que voulait dire Hannah en parlant duf ait qu'elle ne savait pas si elle pouvait encore dessiner. peut-être avait-elle arrêté pendant un moment... mais quel âge avait-elle ? Surement le sien, alors arrêter pendant longtemps ne voulait pas dire grand-chose pour Corey. Elle avait cependant envie de dire quelque chose, et prit une inspiration maladroite.

"C'est à toi de voir si ça t'intéresse encore."

Ce n'était peut-être pas une question de pouvoir, mais de vouloir. Une question d'envie et de possibilité. C'était tout du moins comme cela que Corey envisageait les choses : personne ne pouvait nous forcer, et se laisser forcer n'avait aucun sens. Encore une fois, le choix appartenait à l'autre jeune fille car elle était maîtresse de sa propre vie. Surement pas, puisqu'elle était ici à ses côtés, dans cette salle d'attente silencieuse et un peu impersonnelle. Étonnée qu'une autre adolescente s'intéresse à sa maîtrise de l'hébreu - les gens de son âge se moquaient en général de ses centres d'intérêt : la littérature, la théologie, les langues mortes - Corey s'exécuta docilement, révisant ses bases.

"Heu, et bien...", elle prit une inspiration, soudainement très stressée - ses mains tremblaient, "Tzeteh' Leshalom VeShuveh' Leshalom... vas en paix et reviens en paix. Beaucoup d'expressions n'ont pas d'équivalence en anglais... c'est comme on ne dit pas qu'on est fou de quelqu'un, on dit qu'on est mort pour quelqu'un, ani meta alechan..."

Elle sourit, gentiment. Corey avait l'air heureuse qu'on lui pose des questions sur ses centres d'intérêt, traduisant son aspect d'adolescente solitaire pour qui il était visiblement difficile d'approcher les autres.

"Mon préféré c'est le mot qu'on utilise pour dire "chérie". Neshama, ça veut littéralement dire "âme". Les gens disent neshama sheli qui signifie "mon âme"... c'est comme dire que tu es tellement important pour moi que tu fais partie de mon âme."

Sa mère l'utilisait tout le temps pour lui parler. Elle était son âme et Corey avait toujours trouvé ça à la fois très imagée et très fort, et ça lui parlait beaucoup. Elle aurait voulu dire à Annabelle qu'elle était également neshama sheli, mais les choses avaient changé. Sa mine s'assombrit un instant, triste. L’adolescente avorta d'elle-même sa tristesse en voyant Hannah pleurer, et la laissa faire. Il n'y avait rien de pire que de juger les larmes d'une autre personne. Pleurer fait du bien ; cela se voyait sur le visage de l'autre jeune fille qu'elle laissa pleurer à son aise sans la juger ni lui dire d’arrêter. C'était un peu étrange à penser, mais Corey trouvait les gens plus beaux quand ils pleuraient, parce qu'ils s'abandonnaient et se montraient tel qu'ils étaient au fond. Elle lui tendit finalement un mouchoir en papier tiré de son sac, sans rien dire.

"Prend ton temps", affirma gentiment Corey malgré son visage neutre, "... et puis tu s..."

L’adolescente interrompit soudainement sa phrase alors qu'elle lui tendait son écouteur, comme figée sur place. Une larme humide creusait un ruisseau salé le long de sa joue creuse, jusqu'à perler de son menton et cela sans qu'elle ne s'en soit aperçut avant. Corey regarda Hannah un long moment, pleurant avec elle sans faire le moindre bruit, sans le moindre sanglot ou reniflement. Elle n'avait pas d'explication à ses larmes, puisqu'elles ne savaient rien l'une de l'autre. Mais elles lui firent du bien à elle aussi. Elle hocha la tête lorsque l'autre adolescente lui demanda une playlist.

"Est-ce que ça veut dire qu'on se reverra ?", demanda candidement Corey en pleurant encore, "est-ce que parce qu'on a pleuré ensembles, on peut devenir amies ?"

Elle posait des questions étranges, cette grande brune très maigre qui ne savait pas parler aux autres et qui pleurait un peu sans raison logique. Il y avait l'affect, l'émotionnel, ce monde qu'elle ne saurait jamais expliquer mais qui existait bel et bien en elle, et qu'Hannah, cette illustre inconnue, avait pu ouvrir à sa guise. C'était étrange, un peu effrayant, et agréable en même temps. Pourraient-elles devenir amies ?